Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/49

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en cette Église de Genève, il a diffamé par livre imprimé la doctrine qui s’y prêche, prononçant toutes les injures et blasphèmes qu’il est possible d’inventer.

Dans une enquête préliminaire, Servet répondit en désavouant quelques-unes des opinions qui lui étaient imputées, en acceptant la responsabilité de quelques autres, et en accusant à son tour Calvin d’errer « en beaucoup de passages ».

Après quelques séances dans lesquelles parut Berthelier en qualité de substitut du seigneur lieutenant, et qui furent employées soit à interroger le prévenu, soit à constater l’exactitude des passages de ses livres sur lesquels portait l’accusation, soit même à discuter quelques points de doctrine, Calvin, voyant que le procès risquait de ne pas aboutir et que Berthelier poussait l’audace jusqu’à soutenir en plein tribunal quelques-unes des hérésies de Servet, se fit autoriser à assister aux interrogatoires du prisonnier, afin que mieux lui puissent être remontrées ses erreurs. Les deux vrais adversaires se trouvant ainsi en face l’un de l’autre, il s’engagea entre eux une violente discussion. Elle roula tantôt sur le dogme de la Trinité, que Servet appela nettement une invention du diable, tantôt sur la création, qu’il comprenait d’une manière tout à fait panthéiste :

Toutes créatures, disait-il, sont de la substance de Dieu. — Moi, dit Calvin, étant fâché d’une absurdité si lourde, répliquai à l’encontre : Comment ? pauvre homme, si quelqu’un frappait ce pavé ici avec le