qu’il commençait l’œuvre de toute sa vie, et qu’il était prédestiné à devenir le législateur de la Réformation. Mais il n’importe. Il suffit que dès l’abord il ait vu ce qu’il y avait à faire, et qu’il l’ait fait sans varier. Ce double fait caractérisa à la fois son œuvre et son génie. Pour connaître de si bonne heure où était le mal, il lui fallut une promptitude de coup d’œil qui, dans tous les partis, assure une haute position ; pour frapper si juste du premier coup, il lui fallut une fermeté d’esprit qui, dans tous les partis, assure l’empire.
Á cet égard encore, il y a autant de différence entre le génie de Calvin et celui de Luther, qu’entre la tâche de l’un et celle de l’autre. Luther, venu le premier, devait soulever une grande nation. Il lui fallait pour cela ce qui seul entraîne la foule, la puissance de l’enthousiasme. Il n’importait guère qu’il fût si prompt à voir où devaient porter ses coups, pourvu que, dans le combat, la passion multipliât ses forces, pourvu que son audace allât croissant, et que chacune de ses paroles, comme une torche enflammée, redoublât la violence de l’incendie. Il fallait qu’il eût le secret de cette impétueuse éloquence qui électrise les peuples et donne du courage aux plus faibles. Il le trouva, ce secret, dans le noviciat terrible qui faillit lui coûter la vie. Ses progrès furent lents ; mais ils se firent comme au travers du feu. Il sortit enfin de l’épreuve, non point avec une de ces