Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/95

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sur des notions que tout le monde croyait comprendre, parce que personne ne s’était encore avisé de s’en rendre compte.

Nous nous arrêterons moins sur les principes fatalistes de Calvin. Ils reposent sur une conception étroite du dogme de la Providence, et ils n’en sont que le rigoureux développement. L’homme agit et Dieu le fait agir. Par conséquent la liberté humaine n’est qu’une vaine imagination, les œuvres ne sont qu’un effet nécessaire de la grâce, la grâce seule subsiste.

Toute cette partie de la doctrine calviniste est admirable d’enchaînement. Ce n’est pas une doctrine faite de pièces rapportées, à laquelle on puisse appliquer le procédé commode de l’éclectisme ; c’est un système parfaitement simple, construit d’une seule pièce, qu’il faut accepter ou rejeter en bloc. Armé d’une théorie semblable, un dialecticien quelque peu exercé, habile à prendre l’offensive, est presque invincible dans la discussion. Si vous lui cédez sur un point, il vous force à le suivre ou vous réduit à l’absurde. Or, il est bien difficile de ne pas lui céder sur un point ; car enfin, il y a dans l’idée de la Providence une vérité dont tout homme a le sentiment. Mais jusqu’où va cette vérité ? quel est le point où s’arrête la Providence et où commence la liberté ? C’est ce qu’il est difficile de dire. Une fois sur la pente, Calvin, qui ne recule devant, rien, vous