Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur cette plage orageuse et sur les terres lointaines que vous soumettrez par la guerre.

« Malheur aux navires assez hardis pour s’avancer sur vos traces ! Je déchaînerai contre eux les vents et les tempêtes. Malheur à la flotte qui la première après la vôtre viendra braver mon pouvoir ! À peine aura-t-elle paru sur mes ondes, qu’elle sera frappée, dispersée, abîmée dans les flots.

« Avec elle périra le navigateur impie qui, dans sa course vagabonde, aperçut mon inviolable demeure et vous révéla mon existence. Et ce terrible châtiment ne sera que le prélude des malheurs que l’avenir vous prépare. Si j’ai su lire au livre des destins, chaque année ramènera pour vous de nouveaux désastres ; la mort sera le moindre de vos maux.

« Il continuait ses horribles prédictions. — Qui es-tu, monstre ? lui dis-je, en m’élançant vers lui. Quel démon vient de nous parler par ta bouche ? L’affreux géant jette sur moi un regard sinistre. Ses lèvres hideuses se séparent avec effort et laissent échapper un cri terrible. Il me répond enfin d’une voix sourde et courroucée :

« Je suis le génie des tempêtes ; j’anime ce vaste promontoire que les Ptolémée, les Strabon, les Pline et les Pomponius, qu’aucune génération passée n’a connu. Je termine ici la terre africaine, à cette cime qui regarde le pôle antarctique, et qui, jusqu’à ce jour voilée aux yeux des mortels, s’indigne en ce moment de votre audace.

« De ma chair desséchée, de mes os convertis en rocher