Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/314

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vinrent tout à fait unies comme un miroir bien poli et appuyé contre ce rideau de collines. Sur cette glace on voyait se peindre en clair-obscur une suite de plusieurs milliers de pilastres, tous égaux en hauteur, en distance, en degré de lumière et d’ombre. Un instant après, ces pilastres se transformèrent en arcades semblables aux aqueducs de Rome. Sur le haut de ces arcades régnait une longue corniche surmontée d’une multitude de châteaux, qui bientôt se transformèrent en simples tours ; celles-ci devinrent des colonnades, puis des rangées de fenêtres, et enfin des arbres semblables à des pins et à des cyprès, tous d’une égale élévation.

III.

Toute l’armée française, dans les plaines de la basse Égypte, fut témoin des phénomènes de mirage les plus remarquables.

Fatigués par des marches forcées sous un soleil brûlant, dans une atmosphère étouffante et chargée de sable, baignés de sueur et tourmentés par une soif ardente, les soldats croyaient tout à coup apercevoir devant eux un lac immense dont les eaux transparentes réfléchissaient les collines lointaines, des arbres, des villages ; mais à mesure qu’ils avançaient vers ces bords tant désirés, le lac enchanté fuyait devant eux, ne laissant qu’un sable desséché à la place de sa nappe humide.

Les savants qui faisaient partie de l’expédition furent quelque temps, comme toute l’armée, le jouet de cette