Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/316

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surface du sol. Cette couche était produite par la cristallisation du sel dont la terre est imprégnée, lequel, dissous par les pluies torrentielles qui tombent en hiver, se dépose à la surface du sol quand les chaleurs ont été assez fortes pour produire l’évaporation de l’eau. Mais tous ceux qui, comme moi, occupaient l’extrémité occidentale du lac et faisaient ainsi face au soleil purent remarquer le phénomène suivant : à la distance d’un kilomètre environ, on apercevait des ondulations pareilles à celles d’un liquide, et toute la partie du lac située au delà ressemblait à une petite mer agitée par une brise très fraîche, et pourtant il n’y a pas d’eau.

« Au moment où le corps expéditionnaire allait se remettre en marche, il se produisit un autre phénomène, digne d’être noté, mais aperçu seulement du même point de la rive qui faisait face au soleil. Un troupeau de flamants, échassiers fort communs dans cette province, défila sur la rive sud-est, à six kilomètres de distance. Ces volatiles, à mesure qu’ils quittaient le sol pour marcher sur la surface du lac, prenaient des dimensions telles, qu’ils ressemblaient, à s’y méprendre, à des cavaliers arabes défilant en ordre. L’illusion fut un instant si complète, que le général en chef, Bugeaud, dépêcha un spahis en éclaireur. Ce cavalier traversa le lac en ligne droite ; mais, arrivé au point où les ondulations commençaient à se produire, les jambes du cheval prirent insensiblement de telles dimensions en hauteur, que cheval et cavalier semblaient être supportés par un animal fantastique ayant plusieurs mètres de hauteur, et se jouant au milieu des flots qui semblaient le submerger. Tout le monde con-