Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

face il aperçoit une mince couche d’air, plus ou moins agitée, qui a la propriété de réfléchir tous les objets qui sont près du mur ou de son prolongement ; ainsi la corniche qui surmonte le soubassement se réfléchit si exactement, qu’au premier abord on croit que l’image fait partie de l’objet. Si une personne appuie sa tête sur ce mur, un peu loin de l’observateur, une grande partie de la tête de cette personne, et quelquefois son corps tout entier, se mire sur la mince couche d’air comme dans un miroir. L’image est un peu tremblante et déformée ; mais si l’air est un peu agité, on distingue facilement tous les traits et toutes les parties du vêtement. À la déformation près, l’image paraît aussi brillante et aussi nette que le corps lui-même.

Le mirage se manifeste aussi très bien sur les murs des fortifications de Paris, surtout du côté du sud. Quoique ces murs ne soient couverts d’aucun enduit et qu’ils soient formés avec de la pierre meulière, dont la surface présente beaucoup d’irrégularités, cependant, comme la forme générale en est plane et que l’on y trouve des fonds de 150 mètres de longueur, deux personnes ayant un œil appliqué près de ces murs, à 100 ou 150 mètres de distance, aperçoivent très bien l’image l’une de l’autre réfléchie chacune sur la mince couche d’air chaud qui monte le long de ces murs lorsque le soleil est un peu brillant et qu’il fait peu de vent. Si l’on choisit les murs dans le prolongement desquels on peut voir au loin la campagne, et si l’on observe avec une lunette les images réfléchies, on peut voir jusqu’à des arbres entiers avec leurs branches et leurs feuilles. Si le prolongement de la