V.
De toutes les hypothèses imaginées pour expliquer les aurores boréales, la plus généralement admise est celle qui en attribue la cause au magnétisme, avec les phénomènes duquel elle offre beaucoup de rapport ; le sommet de l’arc de l’aurore boréale se trouve toujours sur le méridien magnétique du lieu de l’observation, ou du moins ne semble pas s’en écarter d’une manière sensible, et la couronne se trouve toujours sur le prolongement de l’aiguille d’inclinaison.
L’aurore boréale dérange de leurs positions ordinaires l’aiguille de déclinaison et l’aiguille d’inclinaison, et elle produit ces changements même aux lieux d’où elle ne peut être vue.
En général, dès le matin du jour où ce phénomène doit se montrer dans quelque région des pôles, l’aiguille de déclinaison de Paris dévie à l’occident, et le soir à l’orient. Arago avait annoncé cette observation dès l’année 1825. Ainsi, le dérangement de l’aiguille de Paris peut indiquer les aurores boréales qui se font voir aux Lapons, aux Groënlandais et à tous les habitants des régions polaires.
Le 29 mars 1826, Arago observa des mouvements inaccoutumés dans l’aiguille magnétique ; ces mouvements lui firent supposer la présence d’une aurore boréale sous de plus hautes latitudes ; sa conjecture fut pleinement justifiée, car Dalton observait au même moment à Manchester ce phénomène lumineux des pôles.