Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/443

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en flammes, spectacle effrayant pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec ce phénomène. En approchant de ce brasier naturel, on sent la terre résonner sous ses pas. Si, bravant la fumée et la forte chaleur qu’on éprouve à la plante des pieds, on s’avance jusqu’au-dessus des soupiraux, l’œil plonge dans des gouffres de braise ardente. Les bâtons qu’on y enfonce sont au bout de quelques minutes enflammés et souvent consumés. Lorsqu’on élargit l’orifice, la colonne de fumée grossit, et des aigrettes de feu s’élancent hors de la crevasse. Quoique l’incendie gagne déjà la partie supérieure de la montagne, en suivant le gisement de la houille, le sommet en est cependant cultivé ; il y a même, à cent pas de distance du foyer, un hameau dont les habitants sont élevés et familiarisés avec le danger. Ils vivent sans inquiétude, quoique le terrain au-dessous de leur jardin ait de profondes gerçures où la chaleur est si vive qu’on ne peut y enfoncer la main. Les caves et les rez-de-chaussée sont souvent remplis de fumée.

Cet embrasement dure depuis des siècles, mais en diminuant de force. André Thevet, écrivain du seizième siècle, dit que de son temps les flammes s’élançaient hors de la montagne toutes les fois qu’il pleuvait, ce qui n’arrive plus aujourd’hui ; mais on assure que ce phénomène a failli se renouveler par l’imprudence des propriétaires, qui, croyant parvenir à éteindre le feu en faisant conduire dans ces souterrains l’eau des ruisseaux, ne furent pas peu surpris d’en augmenter l’intensité, au point de produire des éruptions de pierres et de matières enflammées.