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pression atmosphérique ; on n’est parvenu à 100 degrés que dans un seul cas jusqu’ici, celui de la congélation de l’eau dans le vide. Quoi qu’il en soit, ces chiffres, soit théoriques, soit pratiques, établissent qu’aucun procédé de refroidissement n’est comparable à la vaporisation ; l’industrie est arrivée pratiquement au même résultat. Les sources de froid dont nous disposons dans les gaz liquéfiés, continue M. Berthelot, n’ont pas dit leur dernier mot ; par un emploi mieux dirigé des ressources que la théorie indique, on doit aller beaucoup plus bas qu’on ne l’a fait jusqu’à présent, et approcher davantage de ce zéro absolu, que les doctrines actuelles semblent fixer vers 273 degrés au-dessous de la glace fondante[1].

En effet les prévisions de M. Berthelot n’ont pas tardé à se vérifier. MM. Cailletet et Raoul Pictet dans leurs expériences sur la liquéfaction des gaz, ont obtenu un froid qui dépasse 140 degrés au-dessous de zéro[2].

Avant de faire connaître ces résultats étonnants à l’Académie, M. Dumas, l’éminent secrétaire perpétuel, a donné lecture du passage suivant, extrait des œuvres de Lavoisier, et qui montre comment l’immortel créateur de la chimie moderne avait pressenti les faits qui devaient être réalisés plus tard par Faraday et par ses successeurs :

« … Considérons un moment ce qui arriverait aux différentes substances qui composent le globe si la température en était brusquement changée. Supposons, par exemple, que la Terre se trouvât transportée tout à coup dans une région beaucoup plus chaude du système solaire,

  1. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1874.
  2. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1878, 1er semestre.