Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/313

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« Lorsqu’il dessinait un ciel, après avoir esquissé les plans et les formes des nuages, il en notait rapidement les teintes fugitives sur son tableau avec des chiffres correspondant à ceux de son livre, et les colorait ensuite à loisir.

« Un jour, il fut bien surpris d’apercevoir dans les cieux la forme d’une ville renversée ; il en distinguait parfaitement les clochers, les tours, les maisons. Il se hâta de dessiner ce phénomène, et résolut d’en connaître la cause ; il s’achemina, suivant le même rhumb de vent, dans les montagnes. Mais quelle fut sa surprise de trouver à sept lieues de là la ville dont il avait vu le spectre dans les cieux et dont il avait le dessin dans son portefeuille ! »

Les prodiges de la fata Morgana, si célèbre dans la Sicile et l’Italie méridionale, ne sont qu’un effet de mirage. À certains moments on voit dans les airs des ruines, des colonnes, des châteaux, des palais, et une foule d’objets qui semblent se déplacer, et qui changent d’aspect à chaque instant. Toute cette féerie est une représentation d’objets terrestres invisibles dans l’état ordinaire de l’atmosphère, et qui deviennent apparents et mobiles quand les rayons de la lumière qu’ils envoient se meuvent en ligne courbe dans des couches d’inégales densités.

Le célèbre voyageur anglais Swinburne en donne la description d’après le père Angellucini, qui, se trouvant à Reggio, en fut témoin oculaire :

« La mer, dit-il, qui baigne les côtes de la Sicile s’enflamma tout à coup et parut, dans une étendue de dix milles, semblable à une chaîne de montagnes d’une teinte obscure, tandis que les eaux du rivage de Calabre de-