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LA VIE ET LA MORT 17
Hommes, Hommes ! pourquoi, nous, tigres mal domptés, Avons-nous ces instincts et non ces libertés ? Oh ! qui nous a ravi l’indépendance altière ? Bonzes pariions rêvés : Dieux, Bouddhas et Vichnous, Quel crime monstrueux et sombre expions-nous, Pour être seuls captifs, dans la nature entière ?
Ah ! gravitez, soleils ! envolez-vous, oiseaux !
Aspirez, ô lions, par vos larges naseaux,
L’air libre des déserts sans lois et sans murailles !
Vivez, fiers, amoureux, fauves, indépendants,
Et jetez, en longs cris de gloire, aux cieux ardents,
L’hymne de liberté qui gonfle vos entrailles !
L’Homme mesquin vous voit et ne vous comprend pas ; L’Homme est un organisme incomplet ici-bas ; L’Homme n*est pas encor mûr pour la Barbarie !... Mais le Poète auguste a le spleen devant vous, Et pousse aussi, dans l’ombre, en vers ivres et tous, Le fier rugissement de sa sauvagerie !