Page:Rameau - La Vie & la Mort, 1888.djvu/4

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Et que tous les condors, que tous les alcyons
Dans mon cerveau qui chante ouvrent leurs ailes grises ;
Et que mon œil absorbe au ciel tous les rayons !
Et que mon souffle absorbe en l’air toutes les brises !

Hosanna ! je grandis ! le tonnerre est ma voix ;
L’aurore, mon espoir ; l’ouragan, mon alarme ;
Et je me ressouviens que j’ai fait autrefois
Le printemps d’un sourire et la mer d’une larme !

Hosanna ! je grandis ! je suis un globe ardent ;
Ma vie est faite avec des milliards de vies ;
Et, gigantesque et lourd, je trône, en regardant
Tourner autour de moi des lunes asservies !

Hosanna ! je grandis encore ! et dans ma faim
J’engloutis des monceaux d’étoiles minuscules ;
Et je deviens un corps immense, un corps sans fin,
Un corps dont les soleils forment les molécules !

Et ma pensée altière est un brasier de feux ;
Et mon souffle est la loi qui fait tourner les mondes ;
Et de mon front auguste, éblouissants cheveux,
Partent pompeusement des jets d’étoiles blondes !

Hosanna ! Hosanna ! je suis grand et béni !
Je sens en moi tout naître, et mourir, et renaître !
Je peuple tout le ciel, je peuple l’infini !
Je suis Seul, je suis Tout, je suis Dieu, je suis l’Être !