Page:Ramsay - Les Mesures de quantités infinitésimales de matières.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
441
MESURES DE QUANTITÉS INFINITÉSIMALES

On a platinisé deux petits cercles sur le verre poli, de telle sorte que la lumière pouvait passer à travers la partie platinisée, et aussi être réfléchie par les surfaces métalliques des plaques. Ce tube à thermomètre formait la partie supérieure d’un appareil tel que celui que je vous ai décrit, où on pouvait à volonté introduire du niton purifié. En regardant la lumière verte d’une lampe à mercure à travers le trou, on voit des franges en forme de cercles concentriques, dont la longueur des rayons se change à chaque changement de pression. En mesurant le nombre des bandes qui passent par un point déterminé, pour un changement de pression connu, on arrive à calculer la réfraction du gaz.

On a fait plusieurs mesures, avec plus ou moins de succès ; la difficulté qui nous a forcé d’abandonner la recherche était tout à fait imprévue : c’était la corrosion du platine par l’émanation ; il devient noir foncé, et perd sa transparence à un tel degré qu’il est absolument impossible, après quelques minutes, de voir aucune lueur à travers les plaques platinisées. Mais, avant que cette attaque commence, nous avons pu faire quelques observations, qui indiquent pour la réfraction (μ − 1) du niton un chiffre voisin de 0,001633 pour la lumière blanche, soit environ 45 fois celle de l’hélium, 0,000035. On se rappellera peut-être que M. Cuthbertson a indiqué une relation très curieuse entre les chiffres qui expriment les réfractions des éléments inertes. Celles de l’hélium, le néon, l’argon, le crypton, et le xénon montrent la relation simple, 1, 2, 8, 12 et 20. Celle du niton paraît être en relation avec les autres.

La possibilité de peser des quantités si minimes suggère des recherches qui doivent être très intéressantes ; on pourrait, par exemple, évaluer l’épaisseur des couches de gaz qui s’attachent à des objets solides, car leurs poids sont bien sensibles. M. Whytlaw-Gray a pesé une capsule d’or très légère, ayant une surface d’environ 2cm²,5. Après l’avoir chauffée au rouge, on l’a suspendue sans délai à la balance, et on l’a contrebalancée ; elle a gagné de poids pendant deux jours ; l’accroissement total était de 1.000 millionièmes ; et si l’on calcule l’épaisseur de la couche d’air, on trouve qu’elle consiste en 7 molécules. Il y a évidemment beaucoup à faire à cet égard, car on peut à volonté varier les matières, la nature du gaz, la température et la pression.

Nous avons appris encore une chose extraordinaire. Nous avons eu besoin d’eau pure, qui ne laissât pas de résidu solide à l’évapo-