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meurtre, ce sont eux qui s’indignent lorsqu’on tue l’un d’entre eux !

L’assassinat des souverains, tel celui tout récent du roi Humbert, n’est pas horrible par la cruauté du fait lui-même. Les actes commis dans le passé par les rois et empereurs : la Saint-Barthélémy, les guerres de religion, la répression impitoyable des révoltes de paysans, autant que les exécutions gouvernementales actuelles, le martyre subi dans les prisons cellulaires et les compagnies de discipline, la pendaison, la guillotine, la fusillade et le carnage pendant les guerres, ne sauraient, par leur cruauté, être comparés aux attentats commis par les anarchistes.

Les crimes des anarchistes ne sont pas précisément effrayants, parce que ceux qui en sont victimes n’ont pas mérité leur sort. Si Alexandre II ou Humbert n’ont pas mérités d’être assassinés, les milliers de Russes, qui ont péri sous Plevna, et d’Italiens en Abyssinie, l’avaient encore moins mérités.

Si les meurtriers des rois agissent sous l’influence d’une indignation personnelle, provoquée par les souffrances d’un peuple opprimé, ce dont ils jugent coupables un Alexandre, un Carnot ou un Humbert, ou s’ils agissent par un sentiment de vengeance, leurs actes, pour si immoraux qu’ils soient, sont compréhensibles, Mais une question se pose : comment les anarchistes ne peuvent-ils imaginer rien de mieux pour améliorer le sort des peuples que l’assassinat d’hommes dont la disparition est aussi vaine que si on coupait la tête à ce monstre fabuleux sur lequel une nouvelle tête repoussait à la place de l’ancienne ?