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Page:Ramuz - Œuvres complètes - tome 8, 1941.djvu/119

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CHAPITRE II

I

Les signes, à vrai dire, ne commencèrent à se montrer que beaucoup plus tard ; il y avait bien trois ou quatre mois que Branchu était installé au village.

C’est quand octobre fut venu ; un matin que Baptiste le chasseur tirait un lièvre, son fusil lui éclata dans les mains.

On l’assit sur un tas de fagots devant chez lui ; les femmes allèrent chercher un baquet, en un rien de temps, l’eau fut rouge. Et, lui, quoique solide, voyant son sang couler, une fadeur lui venait à la bouche. « Mon Dieu, disaient les femmes, le voilà qui prend mal ! » Cependant, de dedans le corps, la machine à pression du cœur continuait à pousser à l’air un jet mince, et on ne put l’arrêter que quand on se fut procuré une bonne épaisseur de toiles d’araignées, dont on fit une application.

Trois jours après, un nommé Mudry, qui était le cousin de Baptiste, tombait d’en haut une paroi d’une centaine de mètres et se fendait la tête en deux.

La petite Louise, la fille du sonneur, prit le croup. Deux bêtes crevèrent, la même nuit dans la même étable. Un fenil tout neuf brûla.