Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’un qui veut dormir. On n’entendait rien que la fontaine. Aline regardait vers la fenêtre de Julien. Est-ce qu’il ne devait pas la sentir dehors avec ses yeux tendus vers lui ? Mais rien ne bougeait sous le rond du ciel où est le silence.

Alors, s’appuyant contre un mur, elle attendit encore longtemps. Et puis elle eut froid, étant sans châle et tête nue. L’air de la nuit l’enveloppait comme un linge humide. La solitude pesait sur elle comme un poing lourd. Elle ne rentra qu’après minuit.

Le jour suivant, une troupe de montreur de bêtes traversa le village. On était dans la matinée quand le tambour battit. Le chameau marchait en tête. Il avait des plaques de peau nue, des poils comme de la ficelle défaite, une bosse pendante et un long cou recourbé par en haut.