Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/160

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ou trois choux qui laissaient pendre leurs feuilles flétries ; les autres étaient cueillis et enfouis sous la paille dans un coin. On ne pompait plus au puits. On voyait les toits qui s’étaient montrés avec la chute des feuilles.

Ensuite on entra dans le mois de décembre. Aline continuait à coudre. Elle cousait du matin au soir. Elle cousait une chemise ; puis elle la mettait dans la corbeille ; et elle prenait un petit drap. Et le tas montait lentement dans la corbeille. Il n’arrivait rien d’autre dans sa vie.

Elle ne sortait presque plus, parce qu’on se retournait pour la voir et que les garçons riaient en dessous. Quelquefois, pourtant, elle était si triste qu’elle ne pouvait plus rester assise, et elle se sauvait dehors.

Elle allait un bout de chemin. L’herbe était courte et jaune comme du poil de