Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/165

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ouverte, souffla une grande haleine chaude qui fit mollir les routes et tomber la neige des toits et verdir l’herbe dans les prés. On dit : « Voilà l’hiver qui est bien malade. » Et les enfants couraient devant les maisons.

Bientôt les vents de mars s’élancèrent d’au delà les montagnes, bondissant par-dessus le lac qu’ils remuent. Ensuite, alourdis d’eau, ils vinrent heurter les nuages dans un grand choc qui fendit le ciel ; et le ciel croula avec un grand bruit. Alors le soleil éclata, et les primevères fleurirent.

Il y a comme une voix qui encourage à vivre à cet endroit de l’année. Elle est dans l’oiseau qui crie, dans le jour et dans les bourgeons qui se gonflent. Le printemps saute sur un pied par les chemins. On voit les vieux qui viennent sur la porte et hument l’air comme un qui a soif et font