Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/169

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à chaque baptême, elle avait pu mettre de l’argent de côté, ce qui augmentait sa réputation.

Elle examina Aline. Elle la trouva, comme elle disait, pauvre de sang et bien nerveuse ; mais il est connu que la jeune génération ne vaut pas l’ancienne ; et puis, les circonstances n’étaient pas pour aider. Elle tournait autour du lit en se mouchant dans son grand mouchoir rouge, parlant beaucoup, et répétant :

— Oui, oui, on n’en est pas encore là.

— Seulement, ajouta-t-elle, d’ici trois semaines, je ne dis pas.

Et il arriva comme elle avait dit. Avril parut, poussant devant lui ses petits nuages comme des poules blanches dans un champ de bleuets. La journée avait été chaude. Les feuilles dépliées se dressaient dans l’air, ayant pris des forces ; et on voyait