Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/181

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de côté. Mais ensuite ses pas s’affermirent. Elle prenait le petit contre elle et s’étonnait de ne pas le sentir, tant il était léger. Elle pensait : « Il ne pèse pas plus qu’une paille ; il faudra qu’il mange beaucoup. » Son grand bonheur aurait été de le nourrir elle-même, mais elle n’eut pas de lait, car tout lui fut refusé. Et l’enfant ne tétait au biberon qu’avec répugnance, se fatigant vite ; le lait de vache était trop lourd pour son estomac frêle. Aline disait :

— Bois, mon petit, bois vite, si tu veux être un grand garçon.

Seulement les tout petits enfants ne comprennent pas ce qu’on leur dit. Ils n’ont qu’un peu de force pour remuer les jambes et il fait nuit encore dans leur tête comme dans une chambre aux contrevents tirés. L’amour lui-même ne peut rien faire. Aline apprenait ainsi ce que les mères ap-