Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/28

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semble, avec un bruit de cloches. Bientôt le village parut. Et Julien, parce que le temps pressait, alla plus profond dans sa tête, là où les idées se cachent, et dit :

— J’ai fauché toute la matinée, c’est pas commode par ce sec. C’est des jours de la vie où on n’a pas courage à vivre.

— C’est vrai, répondit Aline, on n’a de plaisir à rien.

— Et puis, dit-il, ayant trouvé son idée, il y a longtemps qu’on ne s’est pas revus.

Aline baissa la tête. Elle dit :

— C’est que c’est le moment où le jardin demande. Et puis, maman qui est toute seule.

Mais, comme il était têtu, il secoua le front.

— Écoute, qu’il reprit, si tu étais bien gentille, eh bien ! on se reverrait.

Alors Aline pâlit.