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III


Seulement le monde est ainsi fait qu’à un bout il y a les jeunes qui rient ou qui pleurent, parce que c’est l’âge où on rit et où on pleure beaucoup, et au milieu les hommes qui travaillent ; mais, à l’autre bout, les vieux qui regardent la vie, ayant vécu. Ils ont les yeux pointus comme des clous. Ils ont amassé de l’expérience pour les jeunes qui n’en ont pas. Alors ils branlent leurs figures creuses. Quand on n’a qu’une fille, on aime qu’elle soit au moins de la bonne espèce. Les filles de la bonne espèce savent faire la cuisine, travailler aux champs et tricoter leurs bas ; elles ne