Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/66

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Aline trempa sa plume dans l’encrier et écrivit au milieu de la page :

« Mon cher Julien, »

Mais elle n’alla pas plus loin d’abord, parce qu’elle avait besoin de réfléchir. On a beau aimer tant qu’on peut, on ne sait pas toujours comment dire qu’on aime. Et il est plus difficile encore d’écrire ; on dirait que les mots s’accrochent à la plume et ne veulent pas descendre. Pendant ce temps, la bougie brûlait. Parfois les moustiques se jetaient dans la flamme, alors on entendait un petit pétillement et ils tombaient dans la cire fondue. Il y avait un courant d’air et de grandes ombres bougeaient sur le mur.

Tout à coup, Aline reprit sa plume et elle ne s’arrêta plus, les idées lui étant