Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prés gris. Les gerbes étaient couchées tout le long, l’une à côté de l’autre. Et il n’y avait qu’un seul arbre, parce que les troncs gênent pour labourer.

Alors les ouvriers, qui s’étaient assis à l’ombre, empoignèrent leurs fourches ; ils les enfonçaient d’un seul coup dans les gerbes bien liées qu’ils chargeaient d’un mouvement sinueux des reins, les bras levés ; et Julien, sur le char, les disposait de manière que le poids fût partout égal.

Il songeait à Aline. Il se disait : « Elle a les yeux bien jolis, bien jolis ; on ne sait pas si elle les a bleus ou noirs ; ils sont bleus, mais noirs aussi suivant comment elle est tournée ; on dirait des yeux de poupée ; et puis elle a de bien jolis cheveux. Je suis rudement content de la revoir. C’est sa mère qui n’est pas commode ; c’est une vieille femme ; elles s’imaginent des