Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/88

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que leurs visages se touchaient. Elle vit encore au-dessus d’elle un coin du ciel noir ; puis elle ne vit plus rien.

Le vent avait éteint les dernières étoiles et portait les nuages d’un seul mouvement vers le nord. Bientôt il commença de pleuvoir. Les gouttes tombèrent, d’abord larges et espacées, on aurait pu les compter ; puis elles devinrent fines et drues ; et l’air passa comme une grosse boule molle. On entendit une grenouille sauter dans le ruisseau.

Alors Aline soupira ; et Julien répétait :

— Tu es une bonne, une toute bonne.

Il ajouta :

— C’est que tu sais, il pleut.

— Est-ce vrai ? dit-elle. Ah ! mon Dieu ! moi qui suis toute mouillée.

Et il dit :

— Embrasse-moi quand même encore une fois.