Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/93

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gros poirier les enveloppait de ses branches retombantes et l’herbe était molle comme un lit. Les étoiles les regardaient. Il y en a trop, on ne peut pas les compter. Il y en a qui sont jaunes, d’autres vertes et d’autres rouges. Les unes tremblent comme des chandelles dans le vent ; les autres sont fixes comme des clous plantés au ciel. Et il y en avait comme de la poussière.

La lune sortait de derrière la colline ; elle s’élargissait lentement, découpée en bas comme une scie à cause des sapins ; puis elle se poussait toute ronde et cahotante sur les pentes du ciel, et on voyait autour une lueur trouble comme une couronne poudreuse. Sa lumière en tombant détachait des branches une ombre froide, et le ciel paraissait tout à coup vide de ses étoiles.