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Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/117

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Et c’est bien le même métier aussi ; on est gardeuse de chèvres, alors on a perdu jusqu’à l’habitude de parler. Le langage qu’on parle aux chèvres n’est pas celui dont se servent les hommes. Le langage qu’on leur parle est une pierre qu’on leur jette, quand elles s’écartent trop de vous ; un certain cri aussi qu’on pousse, en même temps qu’on leur présente sa main vide comme s’il y avait du sel dedans.

Elle s’en allait tout près des rochers, là où l’herbe n’est plus d’assez bonne qualité, ni assez fournie pour les vaches. Elle s’asseyait par terre, elle tricotait son bas. Quand elle avait faim, elle ouvrait un petit sac de cuir qu’elle portait pendu autour du cou à une courroie ; quand la soif lui venait, il y avait l’eau du ruisseau.

Bien toujours la même Thérèse, bien toujours le même métier ; — et bien