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Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/124

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tremper mes racines, c’était effrayant de voir l’épaisseur d’écume qui se formait sur le baquet ; il fallait la lever trois, quatre fois de suite. À présent, les racines fermentent bien toujours, mais l’eau reste aussi claire que si on venait d’aller la chercher à la fontaine. »

De l’alambic, tombait goutte à goutte dans un pot de terre la liqueur chaude encore, faisant un tout petit bruit comme celui d’une pendule qui bat.

Quand le pot était plein, Pitôme allait le vider dans une bouteille.

Il y avait aussi des dames-jeannes, qui sont des grosses bonbonnes prises jusque plus haut que le ventre dans une espèce de tricot d’osier ; autrefois, il y attachait des étiquettes, avec l’année écrite dessus ; quand il vous donnait à goûter de sa liqueur, il était comme un vigneron qui parle de son vin ; il vous disait : « Ça c’est de la 1928, ça