Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/34

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Il y avait l’hiver autrefois ; il y avait l’hiver quand on était malade, l’hiver lui-même étant une saison malade ; — maintenant il n’y avait plus d’hiver.

Ils ne travaillaient plus, comme autrefois, par nécessité et forcés, et seulement pour ne pas mourir ; — ils travaillaient pour le plaisir, ils travaillaient pour mieux se dire.

Ils venaient avec leurs gestes dans l’air, comme quand à une note on ajoute une note ; à présent, tout était musique, ce qui se parle, ce qui est dit, ce qui se fait, ce qui est fait, ce qui est agi, ce qui est pensé.

La terre était si belle noire qu’il n’y avait plus besoin de fumier ; celui-ci, qui plantait un arbre, n’avait eu qu’à faire un trou, puis, tenant l’arbre par le milieu du tronc pas plus gros encore qu’un manche d’outil, il l’a confié à la