Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/43

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faisaient leurs foins ou faisaient la vendange, fauchant, moissonnant, vendangeant dans le cours de la même journée ; et, aux douces heures du soir, quand ils revenaient, c’était en huchant, la voix poussée à plein entre leurs mains d’une pente à l’autre ; — la voix allant au loin par-dessus les creux et les combes, d’un versant à l’autre versant.

Après qu’ils avaient moissonné, vendangé, fauché, et ils revenaient en huchant ; Pierre Chemin alors se disait : « C’est l’heure ; » il posait sa varlope ; il tirait de sa poche un paquet de tabac enveloppé de papier brun (qui est un tabac fort de goût).

Thérèse Min rentrait avec ses chèvres ; elle serrait son tricot dans un petit sac, elle soufflait dans son cornet de cuivre.

C’est ces douces heures du soir que chaque jour ramène, dans du rose, dans du doré, dans le sent-bon des chemi-