Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/63

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Le café s’appelait le Café des Amis. Il y avait sur l’enseigne ce nom et il y avait sous le nom deux mains qui se serraient dans des manchettes de dentelles. Et de nouveau, là, c’était peint, alors il y a eu de nouveau une petite difficulté pour Bé.

On avait apporté une chopine de vin nouveau ; ils trinquèrent ; Bé disait : « Je suis guéri, » Mais déjà une autre voix :

— Moi aussi, je suis guéri.

C’était Chermignon ; on lui avait, dans l’autre vie, coupé la jambe. Il venait ; il vous faisait voir qu’il avait de nouveau ses deux jambes.

Il les faisait bouger, l’une après l’autre, dans le pantalon de grosse milaine brune jauni aux genoux, ayant les pieds dans des souliers ferrés à œillets de laiton :

— Et puis encore qu’elle n’est pas fausse, et il riait ; — quand même ils