Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/155

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pas ! » car il n’était pas reparti encore, mais le mot l’a atteint, alors il se jette en avant.

— Ah ! enfin vous voilà ! disait-elle.

Elle n’avait toujours pas bougé, tandis qu’il se tirait vers en haut de nouveau ; elle n’avait pas bougé, s’étant penchée au contraire davantage pour mieux le suivre des yeux, mais il se trouve que le devant de la ravine est en surplomb ; il y a un avancement de terre meuble portant à faux qui brusquement cède sous elle ; la pente presque verticale la reçoit aussitôt et la maintient droite par ses deux épaules ; elle glisse de haut en bas, elle glisse droit au Savoyard dans la mousse et la terre noire où ses talons ont fait deux raies ; elle le voit droit au-dessous d’elle montant à elle rapidement (ou il semble monter à elle), sans plus avoir besoin de faire aucun mouvement ; elle voit ses dents qui se montrent sous la moustache, il n’a eu qu’à ouvrir les bras ; seulement le choc a été si fort qu’il tombe à son tour, pendant qu’il l’a prise et il lui a passé les bras autour du corps et serre de toutes ses forces ; il fait demi-tour sur lui-même ; l’élan qu’elle a lui fait faire demi-tour sur lui-même et il est amené du côté de la pente, tandis qu’elle, elle est du côté du vide où elle penche, puis elle est entraînée, et lui y est entraîné avec elle ; ils roulent l’un par-dessus l’autre ; pourtant il ne l’a pas lâchée, elle sent par moment tout son corps contre le sien, son souffle dans son cou et la chaleur de sa figure vient sur la sienne parce qu’il avance la bouche ; ils tournent, ils tournent plusieurs fois ; tantôt on a la terre, tan-