Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/70

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Il ne lui était plus resté qu’à attendre qu’elle revînt, il avait dû attendre assez longtemps.

Maintenant, elle était très pressée :

— Mon Dieu, disait-elle en remettant ses souliers, je vais être grondée de nouveau…

— N’ayez pas peur, je vous accompagne.

Elle allait de nouveau devant Rouge dans les roseaux ; ils ont aperçu alors Décosterd rentré depuis longtemps déjà et qui, ne les ayant pas trouvés, s’était remis à son ouvrage.

— As-tu le poisson ? criait Rouge.

Et Décosterd : « Oui, le paquet est dans la cuisine, » tandis qu’il continuait à poser ses briques l’une sur l’autre, ménageant entre elles, avec la truelle, une couche de mortier.

Rouge avait été prendre le paquet, l’avait mis dans le panier, était revenu avec le panier ; il voit qu’elle était partie en avant.

— Voyons, ne vous dépêchez pas comme ça ; vous n’avez qu’à dire à Milliquet que j’ai dû lui pêcher ses perchettes… Non, ne lui dites rien, je m’en charge.

Puis :

— Justement le voilà.

Parce que Milliquet à ce moment était paru et il venait à leur rencontre, leur faisant des signes de loin avec le bras ; mais Rouge :

— Qu’est-ce qu’il y a ? tu t’impatientes… Tu as tort… Allons, allons, tranquille, mon vieux.

Il ne le laissait pas parler.