Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/84

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lumière que celle qui était au plafond ; le miroir se trouvait entre les deux fenêtres ; elle devait se pencher par-dessus la table de toilette et devait approcher son visage tout contre la glace ; n’importe, elle allait quand même, elle allait avec ses doigts sur ses lèvres, elle allait avec une houppe sur ses joues :

— Chez nous, on se fait belle le soir. Vous viendrez voir comment les femmes chez nous sont habillées. Dans un moment…

Et allait de nouveau, tournant le dos à Marguerite ; puis voilà qu’à ce même instant la musique de l’accordéon s’est fait entendre.

Le grand bruit avait beau durer sur la terrasse, les petites notes claires le perçaient de partout. On les avait entendu naître dans le lointain, elles se rapprochent rapidement ; elle, elle s’était arrêtée dans le mouvement de ses mains :

— C’est lui ! c’est lui ! Ah ! je pensais bien qu’il viendrait. Je ne sais pas ce qui me le faisait croire, mais j’en étais sûre…

Et elle repart, elle prend la houppe, elle se la passe sur sa figure ; elle dit à Marguerite : « À présent, donnez-moi le peigne, » pendant qu’elle levait les bras, oh ! c’est qu’elle est toute changée et on ne la reconnaît pas ; — nouant sur sa nuque ses cheveux tombés :

— Vous m’apporterez le châle, le grand châle à fleurs…

— Oh ! Mademoiselle est-ce que vous voulez descendre ?

— Bien sûr, puisqu’il y a la musique.