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DANS LA MONTAGNE

Alors on l’entendit rire, parce qu’il s’était arrêté de nouveau et les pierres en roulant les unes sur les autres, en se heurtant, en se frottant, semblaient se mettre à rire aussi.

Et Clou vint de nouveau, pendant que Joseph n’avait toujours pas bougé ; Clou a été là, il se tenait un peu au-dessus de Joseph, il était éclairé sur son côté gauche. Il était éclairé en vert sur la petite moitié de sa figure, celle qui n’avait pas d’œil, et la grande moitié était dans l’ombre, de sorte qu’on ne pouvait pas savoir si son bon œil vous regardait ou non. Il était là, il disait :

— Tu entends ?…

Il tapa sur ses poches, il tapa sur les gros sacs que faisaient ses poches, en bas et de chaque côté de sa veste, et qui tendaient le drap sur les épaules, les faisant aller en avant ; faisant aller en avant tout son grand corps, faisant aller en avant son long cou maigre ; — il tapa sur ses poches, elles firent entendre un bruit :

— C’est vrai ? Ça te dirait ? j’en ai, tu sais…

Il rit.

— Tu as bien raison : on n’aura qu’à partager.