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LA GRANDE PEUR

ciel entre les crêtes continuait d’aller très vite de droite à gauche avec son courant…

C’est Pont qui est reparu le premier ; il se retourne.

— Vous les abattrez toutes les trois ; c’est compris ?

Il a fait quelques pas sur le chemin, il a commencé à descendre le chemin, il s’est retourné encore :

— Les provisions, on les mettra tous les quinze jours au Scex Rouge, sous la roche…

Le ciel continuait d’emporter, là-haut, dans son courant les petits nuages qui allaient tous dans le même sens, avec la même vitesse ; comme quand on déblaie la neige et on la jette par pelletées dans le ruisseau.

— C’est bien entendu ?… disait Pont.

Il vient toujours en sens inverse sous son voile ; et eux là-bas regardent, l’un à côté de l’autre ; ils sont sortis à leur tour de l’abri, ils regardent, avec les bras qui leur pendent le long du corps, Pont qui a rejoint le garde, s’assoit, ôte d’abord ses souliers qu’il jette loin de lui, puis le pantalon de toile, jette le pantalon de toile qui tombe à côté des souliers ; ôte ses gants.

Et, pendant que Pont ôte son voile et sa