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LA GRANDE PEUR

— et pour eux alors plus rien, sauf encore du temps qui passe, le ciel qui devient blanc comme si on l’avait peint à la chaux.

Et le troupeau semblait s’être calmé : alors il y a eu encore une fois l’arrangement là-haut des choses toujours les mêmes ; elles n’ont pas semblé avoir rien remarqué de ce qui était survenu ici, après que le ciel change de couleur ; et, à l’extrême pointe de ces aiguilles et de ces dents, l’aurore est comme un oiseau qui se pose, commençant par le haut de l’arbre, puis se mettant à le descendre, en même temps qu’elle multipliait ses perchoirs, elle sautait de branche en branche, elle circulait rapidement de l’une à l’autre.

Ils n’avaient toujours pas bougé ; du temps a passé encore, ils sont toujours dans la nuit. Puis voilà que le cadre de Clou craque. Le cadre, les quelques planches de sapin mal assemblées sur deux supports, le cadre de Clou ; puis Clou s’est assis, puis on entend qu’il met ses souliers, on l’entend qui bâille, qui tousse un peu, qui saute à terre, ensuite il va vers la porte en se sifflant un petit air.

La porte du chalet s’est ouverte sur le grand jour.