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LA GRANDE PEUR

voir et ne le voient plus, puis le voient de nouveau ; ils voient que le soleil est venu, qu’il entre ; ils ne veulent plus voir le soleil, ils n’osent pas, ils y sont forcés. Et, Clou, là-bas, pendant ce temps, toujours :

— Venez m’aider… Il n’y a personne. Il n’est pas là… Je vous assure qu’Il n’est pas là.

Pendant qu’ils font encore un essai, ouvrent les yeux tout grands, tournent la tête, voient le beau jour, se voient l’un l’autre…

Et ils n’eurent qu’à compter eux-mêmes quand ils sont venus. Cinq, six, sept : ils comptaient, ils ne pouvaient plus.

C’était dans le pied des bancs de rocher, dont il y avait un grand nombre dans le pâturage : cinq, six, sept, huit bêtes : ils continuaient de compter.

Celle-là essayait encore de se mettre debout sur ses jambes de devant, et retombait ; celle-ci lève seulement la tête au bout de son cou qu’elle tend, l’écartant tant qu’elle peut du sol, en ouvrant longuement son mufle qui laisse sortir une légère fumée blanche.

C’est quand justement le gazon commence