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DANS LA MONTAGNE

dre, comme si les mots n’entraient plus dans sa tête, assis par terre, son neveu assis à côté de lui.

— Parce que je ne reviendrai plus, disait Clou. Et, vous, vous n’allez plus avoir besoin de vos provisions, je pense, bien longtemps ; vous allez me les donner…

Il a repris :

— Ah ! vous ne voulez rien dire ? Tant pis ! je les trouverai bien sans vous…

Clou n’a pas pris garde qu’on venait ou plutôt il ne s’en est pas occupé. Il avait dû trouver facilement la cachette aux provisions. C’est ainsi qu’à présent les quatre ou cinq pains qui restaient se trouvaient posés à côté de lui, avec un morceau de fromage et un quartier de viande séchée, sur le bord du foyer, tandis qu’il continuait à rire tout haut, comme quand on tousse, par accès, son sac ouvert sur les genoux. Déjà il avait pris l’un des pains, qui sont des pains ronds assez plats, durs sous les doigts comme de la pierre parce qu’ils sont souvent vieux de quinze jours, — il avait pris un de ces pains, il l’avait mis dans le fond de son sac, ce qui semblait l’amuser, car il continuait à rire. Et il venait de prendre un deuxième pain, quand il a été interrompu :