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DANS LA MONTAGNE

plus dans le ciel avaient glissé. Il les voyait entre ses genoux qu’il ne voyait pas. Il les a vues entre ses genoux, dans la direction de ses pieds qu’il ne pouvait voir ; et il n’y avait plus, à part elles, ni ciel, ni terre devant nous, ni au-dessus, ni au-dessous : rien que la grande masse noire sans dimensions et sans limites de la nuit où Joseph a vu encore une fois briller les lumières ; puis il a été comme poussé en avant par les épaules, ayant recommencé à monter.

Il se cognait à des troncs ; il devait chercher devant lui avec les mains les places où on pouvait passer. C’est alors qu’il se retourne de nouveau ; il voit qu’il n’y avait plus en dessous de lui ces étoiles de tout à l’heure ; il se met à redescendre, comme pour aller les chercher.

Il est redescendu quelques pas, allant à leur rencontre, puis s’arrête sans les avoir retrouvées ; il repart, il grimpe à nouveau sur le tapis d’aiguilles où il glisse, où il va en arrière à chaque pas et a besoin d’aller chercher avec les mains la pente pour s’aider d’elle ; — continuant pourtant d’avancer, sa carabine sur l’épaule, cette dernière nuit, à travers le bois, vers en haut, et ayant perdu son chemin, mais la pente à elle seule