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LA GRANDE PEUR

Crittin et son neveu, qui allaient en tête.

Crittin avait une hotte, son neveu aussi, et le premier mulet balançait sur son bât une espèce de tour faite de toute sorte d’ustensiles en bois.

Les vaches avaient des fleurs autour des cornes ; les hommes avaient leurs habits du dimanche, les filles leurs plus belles robes avec des fichus de soie de toutes couleurs tombant en pointe dans le dos.

À côté du premier mulet, marchait Romain ; puis venait le troupeau par groupes de deux ou trois bêtes ; et il faisait clair et beau sur leurs robes tachetées, noires, noires et blanches, brunes, rousses ; tandis que les hommes marchaient sur les bords du chemin.

Les garçons étaient avec les filles ; le deuxième mulet venait ensuite : c’était Barthélemy qui le menait.

Ce deuxième mulet avait sur le dos toute une charge de couvertures et de paillasses, avec un sac de sel pour la léchée, outre quoi il portait une petite fille qu’on avait assise entre les paillasses et le sac, sur lequel pendaient ses bas en grosse laine grenat et ses souliers à bout de laiton.

Il a fait beau et clair, même il faisait déjà