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DANS LA MONTAGNE

Mais lui, de nouveau :

— Rien du tout.

Il a recommencé son histoire :

— Il y avait une génisse qui s’était échappée, on s’est tous mis après, et, comme ça, ça a fait du retard.

Il a vidé son verre, tandis qu’elle, il lui a fallu boire encore une grande tasse d’air pour se remettre d’aplomb ; puis tout à coup :

— Tu n’as rien pour moi ?

Elle venait enfin de penser à la lettre que Romain devait avoir pour elle, et lui, bien entendu, l’avait oubliée ; mais alors il a été la chercher dans la poche de sa veste, il l’a tendue à Victorine, qui sortit en courant, tandis que le Président entrait…

Le Président de son côté avait questionné Romain ; il avait été tout content de voir qu’il ne s’était rien passé de grave.

— Je savais bien, disait le Président… C’est comme l’histoire du boûbe…

— Oh ! disait Romain, parlant du boûbe, qu’est-ce que vous voulez ? il avait l’ennui… Il pleurait tout le temps ; le maître lui a dit : « Va-t’en chez toi, si tu veux pleurer… » Pour ce qu’il faisait quand même !

Et le Président a payé à boire à Romain :