Page:Ramuz - La grande peur dans la montagne, 1926.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
LA GRANDE PEUR

Il sort d’abord seulement la tête et, de dessous l’aile de son chapeau, il regarde ; il voit qu’il n’y a personne devant le chalet, personne aux alentours.

La tête du mulet sort à la suite de la sienne, lui sort tout entier : toujours personne, ni sur la porte du chalet grande ouverte, ni plus en avant de la porte, ni nulle part dans le pâturage.

Romain continua à avancer. Il a fallu qu’il poussât beaucoup plus loin, il a fallu qu’il ne fût déjà plus qu’à une centaine de mètres du chalet pour qu’alors il ait vu Joseph sortir en courant de l’abri aux bêtes avec un seau qu’il va remplir à la fontaine, puis qui rentre toujours courant avec son seau, sans même avoir tourné la tête vers Romain.

Plus personne. Romain monte encore un peu. Au bas de la dernière montée, le chemin tourne, attaquant la pente de front ; ainsi on se trouve faire face au chalet ; c’est là que Romain a pu enfin apercevoir, dans l’abri aux bêtes, le maître, puis Joseph puis le neveu du maître, puis Barthélemy, qui étaient tous ensemble dans l’abri, et se penchaient l’un après l’autre sur quelque chose qu’on ne distinguait pas, tandis qu’il