Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/155

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mère tire, le père pousse, trois des enfants suivent à distance, le plus petit est assis sur le tas. Longue route ; ils sont bien fatigués. Et on le voit assez aux pieds de la mère Mudry, qu’elle traîne sur le pavé dans des bottines à élastiques crevées, — dont on ne voit guère, d’ailleurs, que les pieds, le haut de sa personne étant caché par le surplombement.

Ça pend de tout côté, ça râpe la terre par derrière, la charrette n’a plus de roues ; le gros buisson que c’est a l’air de glisser à ras le pavé ; et les branches dont il est fait sont des branches de toute sorte (frêne, chêne, sapin, hêtre, verne) et il faut dire encore que la plupart sont vertes, mais où est le temps qu’on avait du bois sec ?

« Moi, je mets la quantité qu’il m’en faut pour le lendemain dans le four de mon fourneau ; il sèche à mesure ; » le ménage Mudry a passé ; les hirondelles sont descendues