Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/199

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Si les maisons se mettent à tomber, où est-ce qu’on cachera son argent ? Je le prendrai sur moi, mon argent, tant pis ! Je travaillerai avec, je mangerai avec, je dormirai avec.

Mais, nous autres, nos provisions ? On a été comme la fourmi : la fourmi ne peut pas se passer de sa fourmilière.

Qu’est-ce qu’on fera de nos sacs de farine, de nos sacs de sucre, de nos pots de graisse ? La huche aussi est pleine, qu’on ne peut pas déménager. Et le lard qui est dans la cheminée ? Est-ce qu’il nous faudra nous sauver tout nus, comme on a lu qu’on faisait dans les pays où on se bat ; est-ce qu’il nous faudra mourir de faim, quand même on a été précautionneux et prévoyants ?

Si rien ne tient plus ! si on ne peut compter sur rien ! mais quel mal a-t-on fait pour qu’on soit traité de la sorte ?