Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/27

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moitié ; nous, notre argent est en terres : or, la terre a doublé de prix.

On dit qu’il y a des famines un peu partout dans le monde ; nulle part ici la famine n’est criée, bien au contraire, comme vous voyez, et c’est l’abondance qui est criée ; partout les champs qui la déclarent, roses d’esparcettes, gris d’avoines, ou comme d’avance du pain par le blé qui a bruni.

On dit également qu’il y a beaucoup de maladies dans le pays, terriblement de maladies : est-ce qu’il n’y en a pas toujours eu ? et est-ce qu’il ne faut pas s’attendre, tous les vingt ou trente ans, à ces retours d’épidémies ?

Et ailleurs ils ont des tués par milliers, dizaines de milliers, centaines de milliers ; ici les murs du petit cimetière, quoique bas, n’ont pas été débordés ; cinquante ans de nos morts tiennent à l’aise derrière, toute la col-