Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/36

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bout étroit sur le cercle ; l’ouvrier, levant des deux bras sa masse de fer à long manche, donne le coup à la volée.

Et voilà la tine qui vous chante : « Venez voir comment on est. » Le coup. « Venez voir, et si on tient bien… » Le coup. « On nous croirait creusées au couteau dans du cœur, mais c’est qu’on a été soignées. » Et le coup qui vient : « Ça y est… On nous croirait coulées en béton ou en fonte… » Le coup. « Comme c’est la mode à présent, mais la vieille mode vaut mieux… »

« Parce qu’on peut chanter, nous autres, et on peut se faire entendre. »

En effet, latine ne s’en privait pas, toute la rue remplie par elle, la rue même pas assez importante pour la contenir en entier ; et, se répandant par-dessus les toits, elle allait au loin dans les champs s’annoncer à ceux qui y sont et sur le lac où il y a les bateaux