Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/71

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C’est quatre soldats sur un rang qui vont au pas, mais pas le pas qu’ils ont ordinairement, un pas différent, un pas bien plus lent ; à côté c’est le commandant.

Quatre porteurs aussi, parce que c’est pesant ; pan… prran… pan… pan…

Ils ont mis le drapeau sur la bière pour faire ornement.

Et à côté de lui six hommes, lui qui ne voit plus, ni n’entend.

Trois à sa gauche, trois à sa droite, le fusil sur l’épaule et lui, ah ! mon Dieu, pour lui c’est fini, jamais plus, jamais plus il ne se servira de son fusil.

Prran… prran… prann… pan… pan…

Un enterrement militaire, encore un de ces enterrements, oh ! regardez le pauvre père qui suit : il n’avait que ce fils en âge de l’aider, ce fils lui a été repris.

Regardez-moi la peine qu’il se donne pour