Page:Ramuz - Les Signes parmi nous.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son voyage ; comme quand un voyageur part et on lui met ses meilleurs vêtements.

Elle l’a habillé elle-même, et elle-même a disposé sa tête, ses mains, ses pieds, comme il convient ; avec ses choses, avec mes choses, avec les souvenirs de moi qu’il faut qu’il ait, les choses qu’on avait en commun ; ainsi encore accompagné de moi, tout enveloppé de moi ; elle a fait très soigneusement ; et puis, voilà, elle n’y croit plus, rien de tout ça n’existe, j’ai rêvé, quelle idée ! c’est une épreuve qu’il m’impose, mais tu vois, à présent, comme je suis patiente et docile ; tu me disais que c’était ce que j’avais de meilleur.

Je t’offre ce que j’ai de meilleur.

Elle regarde encore ; pourtant, mon Dieu ! si c’était vrai !

Ce n’est pas vrai ! que oui, c’est vrai ! il m’a volée, il m’a trompée, il m’a trahie ; voilà que cette terrible lourdeur d’air se fait